Député à Ottawa
À l’automne 1871, les jeunes libéraux songent à modifier le parti pour mieux répondre à leur vision du développement du Canada. Dans la foulée des grandes réflexions, ils fondent le Parti national. À la fin de l’hiver 1872, Wilfrid Laurier s’implique pour la fondation officielle de ce parti, puis à titre de militant, aux élections de 1872.
En octobre 1873, le premier ministre John A. Macdonald démissionne en raison du scandale du chemin de fer Canadien Pacifique. Il est remplacé par un gouvernement libéral mené par Alexander Mackenzie. À ce moment, le Parti national est absorbé par le Parti libéral. Laurier devient alors officiellement un rouge libéral.
En début d’année 1874, une nouvelle campagne électorale s’organise pour des élections. Réfléchissant sur sa carrière politique, Wilfrid évalue les possibilités d’actions en tant que député fédéral par rapport à son mandat à Québec. Le 2 janvier 1874, il se lance dans une campagne électorale pour ravir le poste de député fédéral dans le comté de Drummond-Arthabaska.
Il utilisera les 27 jours de campagne pour faire valoir ses idées auprès de ses électeurs. Le 29 janvier, il remporte son élection par 238 voix de majorité. Il commence ainsi une carrière de 45 ans à Ottawa.
Les débuts à Ottawa
Le 26 mars 1874, Wilfrid Laurier fait ses débuts à titre de député fédéral du comté de Drummond-Arthabaska. Il a alors 32 ans.
Il est rapidement aussi déçu du monde politique fédéral qu’il l’était du monde politique provincial. Les visées des politiciens le consternent ; il trouve qu’ils manquent d’ambition et de vision pour le développement du Canada.
De 1874 à 1877, Wilfrid Laurier s’installe tranquillement sur la colline parlementaire. Il prononce de premiers discours modestes, lie des amitiés et prend ses aises dans son nouveau milieu de vie, tout en effectuant des séjours de ressourcement à sa résidence d’Arthabaska où l’attend sa femme, Zoé.
L’affaire Riel
En 1874, Wilfrid Laurier vit son premier revers à Ottawa, au moment de l’affaire Louis Riel. Suite à une motion déposée par Mackenzie Bowell, le gouvernement décide d’expulser le Métis contesté, alors que les libéraux souhaitent l’amnistie. Wilfrid Laurier prend la parole en Chambre pour son amnistie. Comme il a pris l’habitude de le faire, Laurier prépare soigneusement son discours. La structure de celui-ci étonne par sa qualité. Il parle des vertus de la justice, de la liberté et de la modération. Il s’exprime au nom de ses valeurs et de ses racines. Malgré l’impressionnant discours qu’il livre, il perd son premier combat aux Communes. Louis Riel est expulsé de la Chambre par 123 voix contre 68. C’est la première fois que Laurier s’impose ainsi, en suivant ses convictions, mais ce n’est pas la dernière.
Son aplomb et son assurance lui confèrent la reconnaissance de son chef, Alexander Mackenzie. À la suite des élections, le 8 octobre 1877, à l’âge 36 ans, Laurier est nommé ministre du Revenu de l’intérieur. À ce moment, « Laurier est devenu quelqu’un en politique canadienne », selon l'histoirien Réal Bélanger.
À l’époque, un député nommé ministre doit se présenter à nouveau en élection pour faire approuver la nomination du premier ministre. Comme il y a eu fraude du Parti conservateur dans le comté de Drummond-Arthabaska, Laurier décide de jouer de prudence et se présente dans le comté de Québec-Est. Il représentera ce comté jusqu’à son décès, en 1919.
Il se lance dans une nouvelle campagne électorale le 8 novembre, cette fois, dans le comté de Québec-Est. Le 28 novembre 1877, il est élu dans le triomphe avec 315 voix d’avance. Il est reçu en héros à Ottawa.