Les deux solitudes qui s’affirment
Le 24 juin 1889, Laurier dira même « Nous sommes Canadiens-français, mais notre patrie n’est pas confinée au territoire ombragé par la citadelle de Québec. Notre patrie, c’est le Canada. »
Au Canada, le sentiment d’appartenance nationale prend forme lentement après la Confédération. Il faut comprendre que la présence de plusieurs groupes sociaux, provenant de différentes vagues d’immigrations, rend la cohésion nationale difficile. Les « deux solitudes », une expression qui fait référence à la dualité des colons d’origine française et britannique, marquent cette époque de grands changements.
Ainsi, le Canada anglais se définit par un sentiment prédominant d’appartenance à l’Empire britannique, tandis que le Canada français s’articule autour de la survivance de la langue et de la religion.
Déjà, au moment de la Confédération, les francophones craignent l’assimilation. Les premiers ministres initiaux du Canada sont unilingues anglophones. Le pouvoir se joue en anglais à Ottawa.
Wilfrid Laurier sera le premier premier ministre francophone à gouverner le pays. Homme de compromis, il travaille à conserver l’équilibre entre ces deux solitudes, tout en incluant les immigrants et en les amenant à s’unir. À de nombreux moments au cours de son mandat, il cherche à plaire aux deux groupes, en prenant les meilleures décisions pour le bien du pays, sans considération de langue ou d’origine.
Ce mouvement de balancier lui sera reproché, autant par les anglophones que par les francophones. On dira de lui qu’il tente de plaire à tous en ne prenant pas position. De son point de vue, Wilfrid Laurier agit ainsi pour amener les Canadiens à se considérer comme un seul et même peuple uni. Laurier gouverne pour tous, une position fort courageuse pour l’époque.
La pensée dominante de ma vie fut d’harmoniser les différents éléments dont se compose notre pays. Je ne saurais dire encore que j’ai réussi autant que je l’aurais voulu, mais la pensée est vraie et elle finira par triompher. (1905)