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La crise des écoles francophones

Dès son arrivée en Chambre à titre de premier ministre, Laurier se retrouve devant le débat sur la préservation des écoles catholiques du Manitoba laissé en plan par le gouvernement conservateur.

Au cours de la campagne de 1896, Wilfrid évoque pour la première fois la voie ensoleillée. En effet, il passe la campagne électorale à se faire le défenseur d’un compromis possible basé sur la raison, plutôt que sur les émotions. Il s’oppose ainsi à la voie législative qui a coulé le gouvernement précédent, tout en séduisant les francophones.

La voie ensoleillée est une expression maintenant consacrée du règne de Laurier. Dans ce discours de 1896, il fait mention de la fable d’Ésope dans laquelle le soleil et le vent se disputent pour savoir lequel pourrait faire retirer son manteau à un voyageur. Dans la fable, les chauds rayons du soleil sont plus efficaces que les rafales de vent.

Devenu premier ministre, Laurier a la chance de mettre un terme à ce débat et de s’imposer comme conciliateur. C’est dans cet esprit que Laurier se rend très rapidement au Manitoba pour négocier une entente. Le 16 novembre 1896, le compromis Laurier-Greenway est signé. Celui-ci ne prévoit pas le rétablissement des écoles séparées, mais il permet à des professeurs catholiques et francophones d’être employés dans le réseau scolaire unique si une pétition est présentée et dûment signée par un nombre précis de parents.

Plusieurs historiens ont d’ailleurs glorifié Laurier en affirmant que celui-ci a su trouver la seule solution réaliste à une crise des plus virulentes. Par contre, ce compromis suscite de nombreuses réactions. Entre autres, l’Église catholique mène une campagne agressive contre Laurier ; au-delà de l’instruction des enfants dans leur langue maternelle, c’est une part importante de l’influence catholique qui se perd auprès de ses croyants. Ce dernier s’en défend ainsi :

Pour moi, le salut de la race française n’est pas dans l’isolement, mais dans la lutte. Donnons à nos enfants la meilleure éducation possible, mettons-les sur un pied d’égalité avec ceux d’autres races, et donnons-leur la légitime fierté qu’ils auront dans une telle lutte. Là est le salut. Là est l’autonomie.

C’est l’une des nombreuses batailles que le gouvernement de Laurier mènera pour la protection des minorités.