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Grand orateur - L’art des discours

Sois toujours humble et ne te crois jamais supérieur aux autres. Car le proverbe dit qu’il n’y a pas de si grand diable sans qu’il trouve son maître.

– Carolus Laurier à son fils Wilfrid

Dès son entrée à l’Assemblée nationale, Laurier se distingue comme étant un habile orateur parlementaire. Malgré le fait que ce soit un homme discret dans la vie en général, il prend aisément la parole en public et ses discours sont cohérents et attractifs. Il s’adresse à ses pairs en les respectant et les traite comme des égaux. Lorsqu’il discourt, il ne prend jamais ses adversaires à partie pour les insulter. Il aborde ses sujets en utilisant ses idéaux et vise les valeurs les plus nobles. Laurier s’adresse aux émotions de ses auditeurs, mais plus encore, c’est leur intelligence qui intéresse le grand homme.

L’homme à la langue d’argent

Le 26 juin 1877, Laurier participe à une conférence sur le libéralisme politique à Québec. Il prend plusieurs jours pour rédiger son discours. Il le présente dans la salle de l’Académie de musique de Québec devant 2 000 personnes. Ce discours fait immédiatement de lui une figure nationale d’importance au pays. Il est ensuite reconnu comme étant l’orateur à la « langue d’argent » (silver tongued), épithète qui lui restera toute sa vie, selon l’historien Réal Bélanger.

Cette aura de grand homme de mots, acquise à Québec, se transporte avec lui à Ottawa. Son premier discours, comme député à Ottawa, traite de l’affaire Louis Riel, sujet difficile et très délicat à cette époque. Ses paroles marquées par son désir de faire valoir ses valeurs et basées sur le bon sens démontrent aux autres députés la force d’esprit et l’éloquence de Laurier.

Photographie en noire et blanc de Laurier assit sur une chaise dans un habit cravate qui peut semblé trop grand pour lui. Il regarde et fait face à la droite du photographe.

La rébellion est toujours un mal, c’est toujours une offense contre la loi fondamentale des nations. Moralement, ce n’est pas toujours un crime. […] Ce qui est détestable, ce n’est pas tant la rébellion que le despotisme qui engendre la rébellion ; ce qui est détestable, ce ne sont pas les rebelles, mais les hommes qui, ayant des avantages du pouvoir, n’en remplissent pas les devoirs. 16 mars 1886

L’historien Raymond Tanghe mentionne, à propos des discours de Laurier, qu’il se faisait « l’avocat de la clémence, de la tolérance et de la pacification. » Cette maîtrise de la parole lui a assurément permis de se maintenir à la tête du Parti libéral et au pouvoir si longtemps.