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Les convictions d’un homme

Libéral depuis toujours, Laurier a toujours cherché à gouverner selon ses convictions, à entretenir son indulgence face aux autres et à accroître sa compréhension des humains. Homme courageux, il a toujours cherché la façon d’atteindre ses objectifs par le compromis plutôt que par la confrontation.

La pensée libérale de Laurier tient beaucoup du libéralisme anglais. Elle est basée sur trois concepts bien précis : la liberté, l’égalité et l’unité. Chez Laurier, cet attachement aux idéaux britanniques transparaîtra dans l’ensemble de ses discours, tant dans son pays que lors de discours présentés au Royaume-Uni et ailleurs dans le monde.

À la fin du XIXe siècle, plusieurs courants de pensée s’entremêlent en politique. On accuse Laurier d’utiliser le libéralisme doctrinal dans ses actions et ses décisions, mais il s’en défend bien. Il affirme plutôt faire la promotion d’un libéralisme canadien, la base du libéralisme actuel.

Je sais que le libéralisme catholique a été condamné par le chef de l’Église... Mais je sais et je dis que le libéralisme catholique n’est pas le libéralisme politique. [...] Il est vrai qu’il existe en Europe, en France, en Italie et en Allemagne, une classe d’homme qui se donne le titre de libéraux, mais qui n’ont de libéral que le nom, et qui sont les plus dangereux des hommes. Ce ne sont pas des libéraux, ce sont des révolutionnaires ; dans leurs principes, ils sont tellement exaltés qu’ils n’aspirent à rien de moins qu’à la destruction de la société moderne. Avec ces hommes nous n’avons rien de commun ; mais c’est la tactique de nos adversaires de toujours nous assimiler à eux. Ces accusations sont au-dessus de nous, et la seule réponse que nous puissions faire dignement, c’est d’affirmer nos véritables principes et de faire de telle sorte que nos actes soient toujours conformes à nos principes.

– Extrait du discours de Wilfrid Laurier devant le Club canadien de Québec, le 26 juin 1877, en réponse à des accusations sur sa forme de libéralisme.

Précurseur, encore aujourd’hui, le Parti libéral du Canada use d’un courant de pensées basé sur les préceptes de Wilfrid Laurier.

Homme de compromis

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Laurier, au même titre que son idole Abraham Lincoln, gouverne en utilisant le compromis pour la satisfaction de la majorité, sans nuire à la minorité.
Wilfrid Laurier, le pays avant tout avec André Pratte, Les publications universitaires #19, Productions EBICO

[Monsieur André Pratte et un reporter se parlent dans une bibliothèque]

André Pratte : Enfin Laurier s’est fait vraiment le défenseur du compromis entre les Canadiens-anglais, les Canadiens-Français; entre les protestants, les catholiques. Pour lui, le compromis était la seule voie possible dans un pays qui était si divisé à différents points de vue. [Photo d'Abraham Lincoln, seizième président des États-Unis] Et il prenait… Laurier prenait beaucoup l’exemple d’Abraham Lincoln, dont il était un grand admirateur. Et Lincoln avait dit, à un moment donné dans une de ses lettres les plus importantes, quand on lui demandait : « mais pourquoi vous ne libérez pas tous les esclaves? » Et c’était quelques années avant que Laurier devienne premier ministre, quelques décennies. Et alors Lincoln avait répondu à un de ses correspondants : « ma priorité c’est de sauver l’union. Si je pouvais sauver l’union en libérant tous les esclaves, je le ferais. Si je pouvais sauver l’union en ne libérant aucun esclave, je le ferais aussi. » Pas parce que Lincoln pensait que libérer les esclaves n’était pas important, mais la première chose, y compris pour arriver à libérer les esclaves, c’était le maintien de l’union américaine. Pour Laurier, le Canada, c’était un peu la même chose. Il fallait adhérer à des principes, à des valeurs importantes, mais il fallait aussi suivre l’opinion, tenir compte des différents courants d’idée, des préjugés, même, des différentes régions.