Grande période d'immigration au Canada
Dès 1896, Wilfrid Laurier et son gouvernement mettent en place un système d’incitation à l’immigration pour peupler le Canada, surtout les provinces de l’Ouest. Pour ce faire, le gouvernement offre des primes variées à des agents européens afin d’augmenter le nombre d’immigrants venant s’installer au pays. Le ministre Clifford Sifton parcourt le monde pour trouver des immigrants qui changeront radicalement le visage du Canada d’alors… et d’aujourd’hui !
Le résultat de cette initiative est très positif. De 1901 à 1911, plus de 900 000 étrangers s’installent au pays. Cette immigration massive, particulièrement ciblée dans les Prairies, permet d’augmenter la production agricole et les récoltes nationales. La main-d’œuvre étant plus nombreuse, les activités agricoles sont accrues. L’économie du pays bénéficie de cette immigration massive.
Résistance canadienne
Les Canadiens anglais sont craintifs face à cette vague d’immigration. Ces nouveaux arrivants sont souvent peu familiarisés avec l’anglais et les habitudes culturelles locales. De nombreux Canadiens anglais demandent la mise sur pied d’une politique assimilationniste visant la formation d’une nation unie et uniforme.
Quant à eux, les Canadiens français craignent d’être assimilés par l’augmentation du nombre d’anglophones. Ils ont peur pour leur religion et leur culture. Ces nouveaux arrivants viennent diminuer la proportion des francophones dans certaines régions et augmenter les possibilités d’assimilation.
Pour Laurier, cette vague d’immigration ne peut être que bénéfique pour le développement du Canada. Il a rapidement compris qu’une croissance de la population amènerait invariablement une augmentation du développement économique et une croissance de la production.
De 1897 à 1914, on dénombre près de 3 millions de nouveaux arrivants dans un Canada qui compte alors tout juste 3,5 millions d’habitants lors du recensement de 1871. Ils viennent de partout pour s’établir ici : de la Grande-Bretagne principalement, mais aussi de la Pologne, de la Russie, de l’Ukraine, de l’Allemagne, de l’Italie, de la Chine, du Japon et de la Finlande.
Au cours de cette même période, c’est donc une augmentation de près de 40 % pour la population canadienne. Le Canada est une terre d’accueil particulièrement intéressante pour les populations marginales, notamment les noirs, les mormons étasuniens, ainsi que les juifs pour ne nommer qu’eux.
Pour Laurier, cette vague d’immigration vient aussi compenser l’émigration massive des Canadiens français vers la Nouvelle-Angleterre, à la recherche de travail dans les industries. Laurier est bien conscient de cette situation.
J’aurais bien désiré pour ma part que l’émigration du Canada, de la province de Québec, au lieu de se diriger vers les États-Unis, se fût dirigée vers les provinces de l’Ouest. Il y a un million de Canadiens aux États-Unis, ils devraient être dans les nouvelles provinces. – Wilfrid Laurier