Un parcours marquant
Dans une lettre rédigée à Léon-Mercier Gouin, en juillet 1918, Laurier écrit : « Il ne faut pas oublier que la Confédération canadienne fut un compromis. Il ne faut pas oublier davantage que c’est presque toujours dans le compromis que se trouve la solution des problèmes les plus épineux. »
Avec les années, Laurier est devenu un politicien marqué par les compromis et le statu quo. C’était sa façon de gouverner : ne pas déplaire à l’un pour plaire à l’autre. Son sentiment d’unité nationale l’amène à croire que les négociations et l’immobilisme sont les meilleurs outils pour assurer la pérennité et la croissance du pays. Malgré toutes ses défaites et ses déceptions en politique, Laurier reste convaincu de l’importance du compromis fondateur entre les francophones et les anglophones du Canada :
Il s’est trouvé parmi nous des esprits bornés qui ont crié bien haut « Pas de compromis ; tout ou rien. » Quelle aberration ! Quand une minorité affirme qu’elle ne concédera rien, qu’elle exigera tout ou n’acceptera rien de moins que le tout trois fois aveugle celui qui ne voit pas que le résultat inévitable sera : rien. Comment ne pas concevoir que la majorité acceptera elle-même la doctrine et l’appliquera sans remords à ceux qui la proclament !
Wilfrid Laurier aura passé 48 années de sa vie en politique : 45 ans à la Chambre des communes à Ottawa, dont 42 comme député de la circonscription électorale de Québec-Est. Il aura siégé 32 ans comme chef du Parti libéral et 15 ans comme premier ministre.
Laurier a œuvré à de grands chantiers, pris des décisions importantes pour le développement du pays et protégé les acquis. L’histoire se souvient aussi de ce grand homme pour sa vision moderne du développement de son pays et pour son fort désir d’émancipation envers la mère patrie.
Tout au long de sa carrière, il aura cherché à établir le Parti libéral et à lui donner une vision réellement nationale, pragmatique et biraciale. Il aura cherché à unir les citoyens de tout le Canada dans un même sentiment d’appartenance et de fierté.
Aujourd’hui, peu de Canadiens connaissent l’ampleur des réalisations de Wilfrid Laurier. On le voit sur notre papier monnaie, on croise de nombreuses statues à son effigie, on circule sur ses chemins de fer à travers le pays sans même connaître les efforts de cet homme courageux à bâtir un pays uni et fort.
« Le XIXe a été celui des États-Unis. Je pense que nous pouvons affirmer que c’est le Canada qui envahira le XXe siècle. » (Laurier, 1904)
Wilfrid Laurier avait bien raison de croire que le Canada s’imposerait à plusieurs niveaux au cours du XXe siècle. De fils de Saint-Lin, il est devenu le premier architecte du Canada moderne.