La Marine royale canadienne
Lorsque le Dominion du Canada est institué en 1867, il est entendu que les forces britanniques continuent d’assurer la protection du pays. Des milices locales sont créées en appui aux troupes anglaises. Toutefois, à partir des années 1880, des rapprochements entre la Grande-Bretagne et les États-Unis font craindre pour la protection des possessions du Canada, en particulier pour ses eaux territoriales. Le gouvernement de Macdonald met alors en place le Service de protection de la pêche.
En 1909, la Grande-Bretagne se trouve engagée dans une course à l’armement — qui mènera d’ailleurs à la Première Guerre mondiale — avec l’Allemagne. Dans la foulée, Londres demande au Canada et aux autres Dominions de plus grandes contributions navales pour la soutenir dans une éventuelle guerre.
Alors premier ministre, Laurier propose un projet de loi menant à la création d’une flotte militaire appartenant au Canada et servant tout d’abord à la protection du pays. Le 4 mai 1910, le projet de Loi du Service naval reçoit la Sanction royale et marque ainsi la naissance de la Marine royale canadienne. Quoique modeste, au début, et constituée uniquement de deux navires d’occasion, cette marine est un geste d’affirmation nationale sans précédent dans l’histoire récente du pays.
Laurier déclare alors : « Je ne prétends pas être un impérialiste, et je ne prétends pas être un anti-impérialiste. Je suis d’abord et avant tout, et pour toujours, un Canadien. » (1910)
À cette époque, peu de Canadiens soutiennent ce projet. Les Canadiens anglais souhaitent une plus grande implication dans la course à l’armement. À l’inverse, les Canadiens français trouvent cette dépense peu justifiée et non nécessaire à la protection du pays puisqu’il n’est pas encore impliqué dans cette guerre.
Toutefois, Laurier, toujours à la recherche d’un compromis, justifie la Marine canadienne comme étant une force militaire autonome et prévoit qu’en cas d’urgence, la flottille canadienne pourra être placée sous commandement britannique pour répondre aux impératifs impériaux.
Laurier n’a pas, encore une fois, fait l’unanimité, mais aura tout de même eu gain de cause grâce à un compromis pour cette décision d’envergure.