Prise de possession du Grand Nord
Le Grand Nord et l’Arctique sont depuis longtemps des enjeux politiques. La route du Nord permet de contourner le continent américain, de rallier l’Atlantique au Pacifique par l’Arctique et de rejoindre rapidement la Russie et l’Asie. Ce chemin est convoité par plusieurs pays, dont la Russie et les États-Unis.
En juillet 1880, le gouvernement britannique cède au Canada toutes ses possessions dans l’Arctique, y compris les territoires non découverts. Parmi ces terres inconnues se retrouve le Grand Nord canadien. Le Canada a alors le devoir d’explorer ces lieux encore jamais visités et la responsabilité de les protéger des envahisseurs.
De prime abord, le gouvernement conservateur de Macdonald ne souhaite pas s’investir pour la préservation de l’Arctique. D’autres pays tentent alors d’en prendre possession, dont les États-Unis et la Norvège.
En 1903, un litige entre Ottawa et Washington, portant sur la limite entre l’Alaska et la Colombie-Britannique, se règle en faveur des États-Unis et ceux-ci se voient accorder une longue bande de terre faisant naturellement partie de la côte de la Colombie-Britannique. Le Canada comprend alors l’enjeu de l’Arctique pour le développement et, surtout, pour la protection du pays. Wilfrid Laurier accepte de financer une expédition en direction du pôle Nord menée par le capitaine Joseph-Elzéar Bernier.
L’équipage quitte Québec en juillet 1908. Partout où il s’arrête, Bernier répète le même rituel : après avoir trouvé un point élevé, il plante un mât et y hisse l’Union Jack — le drapeau du Canada à l’époque — après avoir enfoui une boîte de métal contenant une proclamation revendiquant le territoire au nom du Canada.
Le 1er juillet 1909, le capitaine Bernier débarque à Perry’s Rick sur l’île Melville. C’est le moment tant attendu. Toutes les îles de l’archipel arborent l’Union Jack et c’est là que Bernier pose une plaque de bronze sur laquelle est gravé :
Cette plaque commémorative est érigée aujourd’hui pour commémorer la prise de possession au nom du Dominion du Canada, de tout l’archipel Arctique.
Le Canada revendique dès lors tout le territoire s’étendant du Yukon à la terre de Baffin et jusqu’au pôle Nord. Le Canada prend alors possession de la route du Nord, reliant l’Atlantique au Pacifique par l’Arctique.
Cette prise de possession est toutefois toujours contestée par les États-Unis et la Russie. Encore aujourd’hui, la Marine canadienne doit patrouiller sur ces eaux à la fonte des glaces pour assurer la protection de ce territoire.