De Montréal à Arthabaskaville
À l’automne 1866, la maladie réduit beaucoup les activités de Wilfrid. Son entourage craint pour sa santé et certains croient même qu’il ne vivra pas très vieux si sa santé ne s’améliore pas. Ses amis le poussent à quitter Montréal dont l’air pollué nuit grandement à sa capacité respiratoire.
Un ami lui offre le poste de rédacteur du journal Le Défricheur à L’Avenir, dans le Centre-du-Québec. Voyant là un beau défi et une bonne raison de quitter la ville, Wilfrid y déménage seul le 18 novembre 1866. Il y trouve rapidement ses repères et teinte le journal de ses idées et positions politiques.
Dès le mois de janvier suivant, Laurier déménage le siège social du Défricheur à Victoriaville, où il s’installe aussi. Par le biais de ses articles, Laurier prend position sur des questions politiques ainsi que sur la place de la religion, qu’il dénonce sans de trop de nuances, dans la vie publique et privée des Canadiens français. En réaction, monseigneur Laflèche, alors évêque de Trois-Rivières, condamne Le Défricheur et exhorte ses fidèles à cesser la lecture de ces pages. Pris dans la controverse, Laurier doit fermer le journal le 21 mars 1867.
En septembre 1867, se cherchant de nouveau du travail, Laurier décide de s’établir de façon permanente à Arthabaskaville, tout à côté de Victoriaville. Il s’installe en pension chez le couple formé du Dr Médéric Poisson et de son épouse. Il ouvre un cabinet d’avocat avec Eugène Crépeau sur la rue de l’Église. Wilfrid a alors 26 ans.
En mars 1874, Eugène et Wilfrid intègrent Joseph Lavergne au bureau. Le cabinet change alors de nom pour devenir « Laurier-Lavergne ». Joseph Lavergne restera un collègue de travail, un partenaire politique et un ami tout au long de la vie de Laurier.
Après son entrée en politique, Laurier continue de prendre des clients, même lorsqu’il est à Ottawa. Il plaide ses causes pendant ses séjours à Arthabaskaville. Il a pleinement confiance en ses partenaires pour le maintien du bureau.
En 1876, Laurier fait construire, par l’architecte Louis Caron Sr, sa résidence sur la rue de l’Église. Érigée en brique rouge, elle coûtera 3 000 $, ce qui constitue une somme énorme pour l’époque.