La guerre des Boers
En 1898, Laurier est aux prises avec une décision d’importance quant à l’autonomie du pays face à l’Angleterre. La mère patrie est en guerre contre les Afrikaners, ou Boers, pour la prise de possession de territoires riches en or en Afrique du Sud. L’Angleterre demande l’implication financière, en troupes et en vivres de ses colonies et dominions.
En 1899, la Grande-Bretagne est à son apogée impérial et il s’en trouve plusieurs pour affirmer que le Soleil ne se couche jamais sur l’Empire de la Reine Victoria. La chose est également vraie en Afrique du Sud où la métropole possède déjà deux colonies (le Cap et le Natal) et convoite d’autres colonies, notamment le Transvaal qui possède les plus grands champs aurifères du monde.
La négation par les Boers de droits politiques aux étrangers — principalement des travailleurs britanniques — constitue rapidement des révoltes justifiant une intervention militaire aux yeux des Britanniques. Dès octobre 1899, le conflit éclate et le gouvernement boer lance des frappes préventives contre les forces britanniques.
Laurier décide que le Canada ne participera pas activement à cette guerre, comme le lui demande sa mère patrie. Les volontaires seront autorisés à se joindre aux troupes britanniques, mais sans plus. Cette décision divise les députés.
D’une part, les nationalistes libéraux, menés par Henri Bourassa, trouvent que la décision de Laurier n’est pas assez forte. Ils souhaiteraient même empêcher les volontaires de partir en Afrique du Sud.
D’autre part, les conservateurs fustigent le gouvernement Laurier qui empêche les troupes militaires canadiennes d’aller défendre l’Union Jack dans ce conflit. Les journaux anglophones se déchaînent et propagent un discours patriotique très chauvin et pro-guerre, alors qu’au Québec, on milite pour la préservation de l’indépendance dans ce conflit.
Habile politicien, Laurier s’en remet à la constitution pour soutenir ses décisions. Le 4 octobre 1899, il donne une de ses très rares entrevues dans laquelle il affirme que le Canada n’est pas près d’envoyer des troupes :
En vertu de la loi de la Milice […], nos volontaires sont enrôlés pour servir à la défense du Dominion […]. Le Canada n’est pas menacé ; et bien que nous puissions désirer fournir des troupes, je ne vois pas comment nous pouvons le faire. Et d’ailleurs, comment pourrions-nous le faire sans que le Parlement nous votât les deniers nécessaires. Nous ne pourrions rien faire. En d’autres termes, il nous faudrait convoquer le Parlement.
Voyant que le conflit s’envenime, Laurier consent à armer et à envoyer un millier de volontaires canadiens en Afrique du Sud. Il précise toutefois que la Grande-Bretagne prend l’entière responsabilité de ces hommes une fois en Afrique. De plus, il mentionne que la décision ne peut en aucun cas être interprétée comme un précédent pour l’avenir. Homme de compromis, Laurier réussit encore une fois à répondre, en partie, aux demandes de tous sans prendre une position franche et catégorique.
Pour la première fois dans l’histoire du Canada, les militaires canadiens envoyés outre-mer portent un uniforme canadien, bien qu’ils servent sous les drapeaux britanniques.